Et voilà, tu es parti. Tu en avais ras-le-bol de ses cheveux, de ses lèvres, de sa façon de déformer les mots de manière mignonne, de sa nourriture, absolument fade et trop cuite.
Et voilà, tu es parti.
Tu en avais ras-le-bol de ses cheveux, de ses lèvres, de sa façon de déformer les mots de manière mignonne, de sa nourriture, absolument fade et trop cuite.
Sa lingerie, celle-là même, noire, qui te faisait tant d’effet autrefois et aidait à restaurer ce fragile équilibre après les disputes, t’exaspère maintenant au plus haut point. Ses critiques incessantes envers tes amis, ses remarques subtiles sur ses jambes trop maigres et son ventre trop rond.
Et comme le disait Beigbeder, ce matin fatidique, tu ne t’es tout simplement pas rasé, ce qui signifiait déjà que tu l’avais définitivement désaimée.
Complètement et irrémédiablement. Et après ?
Sans remords, tu flirtes avec cette fille du bureau, celle qui se souvient de la quantité exacte de sucre que tu mets dans ton café. "Elle a un sacré beau cul," remarques-tu.
Tu ranges toutes les affaires de ton ex dans des sacs poubelles noirs, tu vérifies même sous le lit et trouves une mèche de ces maudits cheveux blonds. Tu prévois de jeter ces affaires la semaine prochaine.
Le vendredi, tu te saoules un peu trop, tes amis sont ravis, mais toi, tu ne te souviens de rien. D’après ton portable, tu n’as pas appelé ton ex, mais aucun nouveau numéro féminin n’a été ajouté.
Tu te promets de rattraper le temps perdu des deux semaines précédentes.
Le mercredi, tu tombes par hasard sur sa page. Ces maudits posts suggérés. Tu vois qu’elle va bien. Dieu merci, tu ne lui as pas enlevé l’envie de vivre. Selfies, photos avec ses amies, paysages. Bon, tant mieux. "Le principal, c’est de ne pas liker accidentellement," te dis-tu.
Enfin, une femme est apparue chez toi. Le matin, ça sent le café et les œufs brûlés, pas les tiens, évidemment.
En tombant sur les sacs noirs dans le couloir, elle en sort des vieux shorts avec dégoût. "Remets-les à leur place, salope," crie la voix intérieure.
"Ouais, je les jetterai ce soir," réponds-tu négligemment.
Tu veux déjà qu’elle s’en aille. Au matin, tu remarques que tu as un peu trop bu hier soir, que sa poitrine est plus grande que tes mains, et que ses orteils sont trop longs, ce qui commence à t’irriter encore plus.
Elle s’en va, et tu ouvres à nouveau Tinder pour une nouvelle dose de rencontres trompeuses.
Un ami a promis de te présenter à l’amie de sa copine, comme pour te pointer du doigt ta propre impuissance.
Sur la page de ton ex, une nouvelle photo avec un léger clin d’œil à un cul bien ferme.
Tu ne likes pas, peut-être que tu l’ouvriras ce soir lors de ton rituel habituel avant de te coucher. Tu n’as pas encore décidé.
En trébuchant une fois de plus sur les sacs poubelles dans le couloir, l’impensable se produit. Tu les ramènes dans la chambre, dans un coin éloigné, bien sûr.
Tu tombes par hasard dans l’un d’eux et trouves un sèche-cheveux et un vieux shampoing. Quelle quantité de merde ces femmes peuvent accumuler, tant de trucs, de produits, pour nous attraper, nous, les hommes, dans leurs filets.
La recherche sur Instagram suggère son nom en premier. Tu ne peux pas l’admettre, mais tu vérifies son fil deux fois par jour, et tu as même mis deux timides likes sur des photos absolument neutres, bien sûr.
Ton ami te pousse depuis longtemps à lui écrire.
Tu n’aurais pas dû rester chez lui ce jour-là, boire de trop et lui dire que tu penses parfois à elle, en passant.
Tu cherches longtemps, et enfin, tu trouves une excuse ! Son nouveau boulot, sa nouvelle coupe de cheveux, un voyage à l’étranger (bien sûr, pas avec un nouveau mec, seulement deux mois et demi après, elle a quand même un peu de décence), et ton timide "salut".
Elle répond poliment, mais de manière réservée.
Tu écris, effaces, réécris. Oh, elle a ri, elle a envoyé une photo, un émoji.
Tu es sur un petit nuage, tu peux de nouveau être avec elle.
Tu mentionnes que ses affaires sont toujours chez toi, tu proposes de se rencontrer.
Elle tergiverse. Tu rugis de jalousie.
Elle reste silencieuse et te dit qu’elle n’a plus besoin de ses affaires.
Tu es furieux.
Soudainement, elle a écrit qu’elle serait libre dans une heure près de ton travail, celui qu’elle détestait tant.
Tu te maudis de ne pas avoir lavé ta voiture, de porter un vieux pull, de ne pas t’être rasé.
Aucun endroit nouveau ne ressort dans tes recherches, aucun moyen de l’impressionner avec ton inventivité.
Lors de la rencontre, tu racontes des absurdités complètes parce que tu la fixes comme lors de votre premier rendez-vous. Elle le remarque et rit. Pourquoi est-elle encore là ?
La rencontre se termine trop rapidement, comme une version d’essai d’un jeu vidéo préféré.
Tu es déçu, elle ne se retourne pas.
Était-ce une bonne idée d’écrire une minute et demie après qu’elle soit sortie de la voiture ? Tu n’es plus sûr de rien.
"Tu sais, j’ai pensé à toi chaque jour, j’avais tort, mais toi non plus, tu n’es pas parfaite. Nous devons tous les deux faire un effort."
Comment penses-tu qu’elle va répondre ?
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